Cet article analyse chez Semprun le lien entre une certaine forme d'effacement énonciatif (de désinscription énonciative) et la dimension argumentative indirecte qui en résulte. Son mécanisme repose sur le fait que la représentation, qui procède sur le mode des évidences perceptuelles, comporte en elle-même une force argumentative très efficace. Les arguments par les faits n'ont pas l'air d'arguments, et, s'ils servent à l'argumentation, la charge en échoit au lecteur, qui n'est pas, de la sorte, institué en contradicteur explicite. Tant du point de vue de la logique que du point de vue interactionnel, les énoncés qui effacent l'origine énonciative du locuteur comportent des contenus plus directement acceptables pour le coénonciateur. C'est...